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ACTUALITES / MANIFESTATIONS

Sortie le 23 avril 2015 du livre "Les recasés de la république" de R Lenglet et JL Touly chez First

La vérité sur les "placards" dorés du pouvoir




Cliquez parole aux auteurs: Benoist Simmat et Roger Lenglet - 12/06

Benoist Simmat, auteur de "Bordeaux connection" (Éd. First) et Roger Lenglet, auteur de "Les recasés de la République" (Éd. First), ont présenté leur ouvrage dans La parole aux auteurs. - La librairie de l'Éco, du 12 juin, présenté par Emmanuel Lechypre, sur BFM Business.

site atlantico.fr :

ces politiciens devenus "inspecteurs généraux" et qui se cachent dans des placards dorés
Leurs "placards" dorés font rêver ! Nichés au sein des institutions, des fondations, ou à des postes enviables du secteur privé, ils jouissent de revenus très confortables et échappent souvent à tout contrôle. Le réseau des recasés de la République, qui abrite de nombreuses célébrités et une armée d'inconnus qui valent le détour, est un continent obscur, avec ses règles, ses lois et ses jeux d'influence feutrés. Extrait de "Les recasés de la République", de Roger Lenglet et Jean-Luc Touly, publié aux éditions First (1/2).

Pour ces deux nominations au Budget qui ont attiré l’attention, beaucoup d’autres restent discrètes bien qu’elles soient aussi étonnantes. Et l’on peut faire la même constatation chez les contrôleurs et inspecteurs généraux des autres corps, de l’Agriculture à l’Éducation nationale, où nombre de recasés se font surtout remarquer par leur absence et leurs activités réelles très éloignées de la fonction qui leur vaut une rente confortable. Voire par leur ignorance.

La Cour des comptes a déjà signalé ce phénomène. Par exemple, dans un référé à l’intention du Premier ministre François Fillon, à l’automne 2010, signé par le premier président de la Cour des comptes108. Ce document confirme que la réalité dépasse la fiction dans ce domaine. Le magistrat de la rue de Cambon y relate « l’inaptitude à exercer » d’une grande partie des inspecteurs recasés par les ministres. Il cite même la note d’un doyen qui signale « l’impossibilité d’adaptation de cinq des douze inspecteurs généraux de l’Éducation nationale nommés au tour extérieur entre septembre 2002 et août 2008 », précisant que « ces inspecteurs font preuve d’insuffisances professionnelles telles qu’ils ne sont pas en mesure d’acquérir les compétences nécessaires au bon accomplissement des tâches techniques confiées aux inspecteurs généraux de l’Éducation nationale ».

Le référé rappelle à François Fillon qu’il faut s’assurer que les personnes nommées par les ministres « soient en mesure de travailler de manière effective ». Selon le journaliste Augustin Scalbert, qui a fait état de ce courrier dès son envoi au Premier ministre, ce dernier n’a pas répondu109.

Toutefois, certains inspecteurs généraux de l’Éducation nationale ont pris soin de demander à bénéficier de leurs droits à la retraite dans les semaines qui ont entouré le passage de la Cour des comptes. C’est le cas notamment de Jean Germain et Léon Bertrand nommés au tour extérieur, comme nous allons le voir. L’enquête des magistrats note à leur propos : « De l’ensemble des éléments recueillis lors de l’instruction, il ressort qu’il n’a été possible de retrouver que des traces matérielles minimes attestant de leur activité effective. » Soit, pour le premier, nommé par François Mitterrand en 1993, « dix courtes notes manuscrites » et un rapport en dix-huit années d’exercice pour lesquelles il a perçu une rémunération d’environ un million d’euros et engrangé de précieux points de retraite.



Maire (PS) de Tours jusqu’en 2014, Jean Germain a été réélu trois fois depuis 1995 sans jamais demander sa mise en position de détachement de l’Inspection générale, ni même des décharges horaires. Il a fait valoir ses droits à la retraite de l’Inspection dans le mois précédant l’envoi du référé de la Cour des comptes, tout en conservant ses mandats de maire et de président de la communauté d’agglomérations de Tours, auquel il a ajouté en 2011 celui de sénateur d’Indre-et-Loire, cumulant une douzaine de mandats et de fonctions.

Pour le second recasé, Léon Bertrand, ancien député UMP de Guyane et ex-ministre du Tourisme de Jacques Chirac, nommé inspecteur général par Nicolas Sarkozy en 2008, le référé de la Cour des comptes ne relève qu’« une dizaine de réunions » pour toute trace de son activité d’Inspecteur général. On le comprend mieux quand on sait que Léon Bertrand est également maire de Saint-Laurent-du- Maroni depuis 1983, une ville située à 7 000 kilomètres de Paris. Il a négligé, lui aussi, de demander une mise en disponibilité de son poste d’inspecteur général de l’Éducation nationale ou, au moins, un temps partiel. Peut-être justement par manque de temps ?

Il aurait tout de même demandé, à l’instar de Jean Germain en 2010, à faire valoir son droit à la retraite au taux prévu par l’Inspection générale. Le passage de la Cour des comptes n’a sans doute pas été complètement inutile. Mais on ne peut qu’être déconcerté devant l’aplomb des deux bénéficiaires qui n’ont pas hésité à faire comme s’ils avaient réellement exercé leur fonction, malgré les constatations officielles. Il faut aussi songer que, parallèlement à sa nomination, il était aussi conseiller régional depuis 2004, tout en tenant à assurer les multiples fonctions liées à ses mandats, comme celle par exemple de président de la communauté de communes de l’Ouest guyanais (CCOG). L’élu n’aime pas affronter les questions qu’on a envie de lui poser depuis sa mise en cause par le référé de la Cour des comptes. Il se targue volontiers de sa popularité face aux accusations qui pourraient égratigner son image.

À 64 ans, Léon Bertrand risque toutefois de devoir prendre sa retraite plus vite qu’il ne le voulait. En octobre 2014, il a été condamné en appel dans une affaire de « favoritisme et de corruption » : vingt mois de prison dont seize ferme, et deux ans de privation de ses droits civiques, auxquels s’ajoutent 80 000 euros d’amende. Le procès concerne des « dessous-de-table » et une douzaine de marchés publics attribués à des entreprises retenues par la communauté de communes qu’il préside. Son avocat a annoncé qu’il se pourvoirait en cassation. Si la Cour devait confirmer la sentence, moyennant les lenteurs habituelles de la justice, l’élu ne retrouvera le droit de faire campagne en quête d’un mandat politique qu’après avoir perdu sa mairie et la région, au profit de successeurs qui seront devenus assez puissants pour les garder. Il aura alors largement atteint l’âge de profiter lui aussi de sa pension de retraite de l’Éducation nationale.

La Cour des comptes peut donc mettre son nez dans certaines nominations très complaisantes en regard des compétences et des disponibilités réelles des bénéficiaires. Il arrive même qu’elle intervienne pour signifier tout simplement que leur âge est vraiment trop avancé ou que les obligations sur l’âge de la retraite sont transgressées ! On en trouve une illustration dans le rapport que la Cour a rendu sur le Consortium de réalisation (CDR), la structure qui a joué un rôle clé dans l’affaire Tapie-Crédit Lyonnais, en octobre 2010110. Elle y a pointé le fait que Bernard Scemama, le haut fonctionnaire désigné par la ministre de l’Économie Christine Lagarde au sein du CDR, qui devait se prononcer sur le recours à une procédure d’arbitrage, aurait dû en être éjecté aussitôt. « Il avait atteint la limite d’âge de 65 ans trois mois après sa nomination. Il ne pouvait donc être maintenu en fonction au-delà de cette date qu’à titre intérimaire et pour une durée limitée », relève la Cour des comptes. Or, note-t-elle, « il a finalement été prolongé jusqu’en février 2009, soit une durée de quinze mois qui excède manifestement la durée de désignation »… Peut-être l’intéressé le regrettet- il aujourd’hui : le 18 novembre 2014, Bernard Scemama a été mis en examen pour « escroquerie en bande organisée » dans l’enquête sur cet arbitrage très favorable à Bernard Tapie.

Leurs "placards" dorés font rêver ! Nichés au sein des institutions, des fondations, ou à des postes enviables du secteur privé, ils jouissent de revenus très confortables et échappent souvent à tout contrôle. Le réseau des recasés de la République, qui abrite de nombreuses célébrités et une armée d'inconnus qui valent le détour, est un continent obscur, avec ses règles, ses lois et ses jeux d'influence feutrés. Extrait de "Les recasés de la République", de Roger Lenglet et Jean-Luc Touly, publié aux éditions First (2/2).

Pour éviter les confrontations en plein Conseil des ministres et garder le rythme, la règle veut que le chef d’État consulte auparavant la liste des nommés et des décorés. Nicolas Sarkozy, contrairement à l’usage, n’a pas toujours pris ce soin, et il a laissé le souvenir d’agacements spectaculaires en découvrant ladite liste à la dernière minute, devant les ministres réunis. Un jour, il lui est même arrivé de refuser une liste entière, plus de 1 300 noms, jugeant que la proportion de femmes était trop faible et qu’il fallait la refondre entièrement pour montrer que la parité était respectée par le nouveau Gouvernement53.

Fait inédit sous la Ve République, Claude Guéant, le secrétaire général de l’Élysée, profitait du pouvoir considérable que Sarkozy lui accordait pour contester souvent les nominations en pleine séance. Il intervenait notamment à la lecture de petits papiers que lui faisaient passer des ministres. Un témoin raconte que François Fillon les bloquait avec plaisir quand les notes passaient à sa hauteur. Un autre confie que Rachida Dati, Nadine Morano et Rama Yade avaient pris l’habitude de se « tirer dans les pattes pendant le Conseil, au point d’obliger plusieurs fois Nicolas Sarkozy à intervenir pour les calmer ».

Malgré les nombreuses critiques qu’on peut adresser à François Hollande en matière de nomination, il n’a pas attendu la réunion du Conseil pour faire respecter la parité. Le premier gouvernement qu’il a nommé, en mai 2012, en a porté la marque en comptant exactement le même nombre de femmes ministres que d’hommes. Le premier gouvernement de l’histoire de France strictement paritaire ! Le second gouvernement Ayrault l’a été également, même si les observateurs noteront que les ministères régaliens ont surtout été attribués aux hommes. Ce sera également le cas des deux gouvernements Valls. Mais, si toutes les nominations ne se réduisent pas à des renvois d’ascenseurs ou au désir de favoriser des amis, c’est hélas souvent le cas, y compris sous la présidence Hollande.

Les contestations cachent parfois de sombres histoires aux conséquences redoutables qui s’étalent sur des décennies. Une simple indiscrétion embarrassante ou un comportement jugé inapproprié peuvent briser un destin national. Certains candidats pleins d’avenir, blackboulés par un ministre récalcitrant, doivent se recaser plus modestement auprès d’un élu régional, voire départemental.

La carrière d’Yves Cabana offre un cas typique d’explosion en plein vol. En 2014, après avoir dû quitter un poste de directeur chez Veolia (obtenu en 2002 grâce au soutien de Jacques Chirac), Yves Cabana s’est humblement réfugié auprès de Pierre Bédier, président du conseil général des Yvelines54. Recasé comme directeur général des services, il devrait y rester jusqu’à la retraite. Ce n’est pas vraiment le parcours dont il rêvait quand il est sorti de l’ENA, en 1983, pour devenir inspecteur des finances. Nommé conseiller d’Alain Juppé, puis de Jacques Chirac à Matignon, promis à un poste au sommet de l’État avec l’appui de ce dernier, réélu président en 2002, il a dû finalement revoir ses ambitions à la baisse. Son erreur ? S’être taillé une réputation de « bavard ». Un défaut rédhibitoire dans le métier.

a laissé apparaître sa « fragilité » dans un dossier qui a conduit à faire condamner l’ex-Premier ministre Alain Juppé à quatorze mois de prison avec sursis et a un an d’inéligibilité, puis en décembre 2011 à la condamnation de Jacques Chirac à deux ans de prison avec sursis. Il a lâché son mentor, Alain Juppé, devant un juge lors d’une audience concernant l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Yves Cabana a ainsi perdu toute chance de retrouver un jour un destin politique national, comme tous ceux dont les aveux ont contribué à l’instruction d’affaires concernant des « secrets d’État » ou des « secrets d’affaires », les uns et les autres se recoupant d’ailleurs souvent.

Il ne s’agit pourtant pas d’un novice en matière de ficelles politico-administratives. Cet homme qui évite les journalistes a été initié très jeune aux arcanes de la chiraquie sous l’aile du ministre de l’Intérieur d’alors, Charles Pasqua, comme conseiller « technique », un adjectif servant généralement à ne pas préciser les activités exactes d’un conseiller. Il remontait les allées du pouvoir sans rencontrer d’obstacle… Jusqu’à ce que la rumeur lui joue un premier tour quand Jacques Chirac, réélu président avec plus de 80 % des voix, a voulu le nommer directeur du Budget. Un poste très important. Alain Lambert, alors ministre délégué au Budget, s’est immédiatement dressé contre cette idée, pressentant que l’homme n’était pas à la hauteur de cette « confiance », en particulier de la discrétion attendue. Chirac a gentiment concédé que ce Cabana n’était « pas forcément compétent pour le job », mais qu’il fallait le recaser parce que son père avait été un ami fidèle et qu’il pouvait luimême rendre de grands services. Le ministre du Budget s’obstinant dans son refus, Jacques Chiraclui a franchement mis le couteau sous la gorge : « Tu sais que je peux te virer55… ».

Alain Lambert ne pliant pas malgré la menace, Jacques Chirac a finalement réfléchi à un autre recasage pour ce poulain qu’il tenait absolument à protéger. Il faut dire qu’à ce moment-là, plusieurs instructions en cours rattrapaient le président, dont celle concernant les emplois fictifs de la mairie de Paris. Les enquêteurs cuisinaient férocement ses anciens collaborateurs susceptibles d’apporter des éléments sur le système qu’il avait mis en place. Protégé par sa fonction suprême prolongeant son immunité, il se permettait d’ignorer les convocations des juges, mais les fuites judiciaires laissaient prévoir qu’il serait mis en examen à l’issue de son septennat qui s’achèverait en 2007. Son nom était sur toutes les lèvres. Chirac devait resserrer les boulons au plus vite, tenir les troupes pour que chaque protagoniste reste droit dans ses bottes face aux magistrats.

Dans l’immédiat, Yves Cabana allait être mis sur le gril par les enquêteurs. Le président l’a motivé pour qu’il tienne, en lui offrant un joli strapontin d’adjoint au chef du service de l’inspection générale des Finances. Puis il lui a trouvé une pension plus durable, dans un endroit calme où les choses se passent depuis toujours entre soi et où le chef de l’État comptait de bons palefreniers.

La banque Rothschild, littéralement installée au coeur de l’État grâce aux pantouflages incessants de ses cadres et conseillers, offrait des possibilités de recasage. Mais ce n’était pas le bon moment. Jacques Chirac s’en méfiait depuis que David de Rothschild lui avait préféré Édouard Balladur. Yves Cabana en savait trop pour être exposé à la fréquentation des « traîtres » qui s’y étaient réfugiés, les recasés balladuriens, tel Nicolas Bazire, l’ex-directeur du cabinet d’« Édouard », intégré chez Rothschild comme associé-gérant. L’énarque Emmanuel Macron ignorait encore qu’en abandonnant ses études de philosophie pour entrer à l’ENA il serait happé par cette porte tournante qui s’emballait. Nicolas Sarkozy lui-même, autre soutien de Balladur contre Chirac, travaillait pour la banque en tant qu’avocat d’affaires. Décidément non, le président préférait placer Cabana chez Veolia où il possédait des « écuries » plus sûres.

Roger Lenglet est philosophe et journaliste d'investigation. Il est l'auteur, avec Jean-Luc Touly, de Europe Ecologie: miracle ou mirage? (First, 2010), L'Eau des multinationales - Les vérités inavouables (Fayard, 2006) et L'Argent noir des syndicats (Fayard, 2008

Jean-Luc Touly est juge prud'homal et Conseiller Régional Ile de France. Il est notamment l'auteur, avec Roger Lenglet, de Europe Ecologie : miracle ou mirage? (First, 2010), L'Eau des multinationales - Les vérités inavouables (Fayard, 2006), L'Argent noir des syndicats (Fayard, 2008) et Syndicats, corruption, dérives, trahisons (First, 2013)






Jeudi 16 Avril 2015
Samedi 13 Juin 2015
JEAN-LUC TOULY
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