“Water makes money” (“L’eau fait de l’argent”): derrière ce titre, un documentaire programmé par Arte le 22 mars prochain, déjà diffusé en salles en septembre , et objet d’un joli pataquès.
Ce film signé par deux réalisateurs allemands, Leslie Franke et Herdolor Lorenz dénonce les travers de la privatisation de la gestion de l’eau dans les communes. Or Veolia, géant du secteur, a porté plainte contre X pour diffamation.
“Certains passages de ce film nous accusent de pratiquer la corruption et d’avoir des liens avec la Mafia”, explique Maître Christophe Bigot, l’avocat de l’entreprise. “On ne cherche pas à empêcher la diffusion donc il ne s’agit en aucun cas d’un acte de censure. L’instruction lancée établira les responsabilités et la matérialité des propos en question. A l’issue de l’enquête, les personnes impliquées seront convoquées. Nous demandons réparation,” précise-t-il.
Une instruction en cours
Le distributeur du film, Jérôme Polidor (“La mare aux canards”) affirme avoir été contacté par la police en décembre dernier dans le cadre de l’enquête. Il a dû fournir le DVD du documentaire. “Nous attendons de voir s’il va y avoir des mises en examen. Personne ne sait qui va être attaqué”, dit-il. Sujet de consolation selon lui: “En attaquant, Veolia contribue à médiatiser notre documentaire”.…
Arte, pour sa part, ne se sent pas concerné: “Nous n’avons été saisis d’aucune plainte et le documentaire sera diffusé comme prévu”, garantit Emmanuel Suard, directeur des programmes de la chaîne.
Pressions et règlements de comptes
Dans le documentaire intervient Jean-Luc Touly, un ancien employé de Veolia, licencié puis réintégré sur décision de justice. Il assure aujourd’hui avoir soufflé l’idée de ce documentaire aux deux réalisateurs allemands. Mais il s’étonne des réactions de la multinationale. "Cette procédure de Veolia, dit-il, c’est le minimum syndical. Et puis ce qui est bizarre, c’est que Veolia et Suez étaient toutes deux concernées par un documentaire canadien du même type, “Flow, for love of water”, diffusé sur Arte en 2008. Or Suez avait intenté un procès en diffamation, qu’elle vient juste de perdre. Mais cette fois, avec “Water Makes Money”, c’est Veolia qui porte plainte et Suez ne bronche pas. A mon avis, les deux entreprises se sont partagées les actions juridiques.".
L’un des réalisateurs, Herdolor Lorenz, a déjà eu affaire à Veolia, en 2005, après avoir réalisé “Eau, service public à vendre”. “Veolia a exercé tellement de pressions que le film a été retiré de la diffusion. Pourtant, tout était exact.”, assure-t-il au site internet de l’émission “Global Mag” d’Arte. Il affirme du reste avoir étudié le film avec ses avocats allemands et français. Conclusion:“Nous sommes optimistes[…] Chaque mot a été vérifié”.
Katia Touré
http://teleobs.nouvelobs.com/articles/un-documentaire-d-arte-dans-le-collimateur-de-veolia
Un documentaire d'Arte dans le collimateur de Veolia
envoyé par TELEOBS. – L'info internationale vidéo.
Ce film signé par deux réalisateurs allemands, Leslie Franke et Herdolor Lorenz dénonce les travers de la privatisation de la gestion de l’eau dans les communes. Or Veolia, géant du secteur, a porté plainte contre X pour diffamation.
“Certains passages de ce film nous accusent de pratiquer la corruption et d’avoir des liens avec la Mafia”, explique Maître Christophe Bigot, l’avocat de l’entreprise. “On ne cherche pas à empêcher la diffusion donc il ne s’agit en aucun cas d’un acte de censure. L’instruction lancée établira les responsabilités et la matérialité des propos en question. A l’issue de l’enquête, les personnes impliquées seront convoquées. Nous demandons réparation,” précise-t-il.
Une instruction en cours
Le distributeur du film, Jérôme Polidor (“La mare aux canards”) affirme avoir été contacté par la police en décembre dernier dans le cadre de l’enquête. Il a dû fournir le DVD du documentaire. “Nous attendons de voir s’il va y avoir des mises en examen. Personne ne sait qui va être attaqué”, dit-il. Sujet de consolation selon lui: “En attaquant, Veolia contribue à médiatiser notre documentaire”.…
Arte, pour sa part, ne se sent pas concerné: “Nous n’avons été saisis d’aucune plainte et le documentaire sera diffusé comme prévu”, garantit Emmanuel Suard, directeur des programmes de la chaîne.
Pressions et règlements de comptes
Dans le documentaire intervient Jean-Luc Touly, un ancien employé de Veolia, licencié puis réintégré sur décision de justice. Il assure aujourd’hui avoir soufflé l’idée de ce documentaire aux deux réalisateurs allemands. Mais il s’étonne des réactions de la multinationale. "Cette procédure de Veolia, dit-il, c’est le minimum syndical. Et puis ce qui est bizarre, c’est que Veolia et Suez étaient toutes deux concernées par un documentaire canadien du même type, “Flow, for love of water”, diffusé sur Arte en 2008. Or Suez avait intenté un procès en diffamation, qu’elle vient juste de perdre. Mais cette fois, avec “Water Makes Money”, c’est Veolia qui porte plainte et Suez ne bronche pas. A mon avis, les deux entreprises se sont partagées les actions juridiques.".
L’un des réalisateurs, Herdolor Lorenz, a déjà eu affaire à Veolia, en 2005, après avoir réalisé “Eau, service public à vendre”. “Veolia a exercé tellement de pressions que le film a été retiré de la diffusion. Pourtant, tout était exact.”, assure-t-il au site internet de l’émission “Global Mag” d’Arte. Il affirme du reste avoir étudié le film avec ses avocats allemands et français. Conclusion:“Nous sommes optimistes[…] Chaque mot a été vérifié”.
Katia Touré
http://teleobs.nouvelobs.com/articles/un-documentaire-d-arte-dans-le-collimateur-de-veolia
Un documentaire d'Arte dans le collimateur de Veolia
envoyé par TELEOBS. – L'info internationale vidéo.