Club sélect des milliardaires bienfaiteurs

Article déjà paru : -->CANADA : Guy Laliberté crée une fondation mondiale pour l'eau
Guy Laliberté rejoint ainsi le club sélect des milliardaires bienfaiteurs. Cette année, Bill Gates, l'homme le plus riche du monde, a remis plus de 30 milliards de dollars, soit le tiers de sa fortune personnelle, à sa mégafondation, enrichie d'autant de milliards fournis par son compagnon de super-fortune Warren Buffett. Le spin-off humanitaire du créateur de Microsoft et de l'«oracle d'Omaha» soutient une multitude de bonnes causes à l'échelle planétaire, que ce soit en éducation, en recherche ou en santé publique. (Voir l'article dans le cahier Perspectives.)
One Drop cible plus précisément ses interventions. Dans les pays pauvres, la fondation propose d'appuyer des projets pour fournir de l'eau potable à des communautés dans le besoin et créer des jardins, sources de nourriture et de revenus d'appoint. L'approche «durable, holistique et locale», selon les documents de l'organisme, fait aussi la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes. Trois zones géographiques se retrouvent dans la mire prioritaire: l'Amérique centrale, l'Afrique subsaharienne et la grande région de l'Asie et de l'Océanie.
Dans les pays riches, la fondation lancera des campagnes de sensibilisation au problème du gaspillage et de la pollution de l'eau. L'accent sera mis sur des programmes artistiques, pédagogiques et ludiques. Le premier programme, déjà en préparation, sera lancé au Québec en 2008 puis étendu au Canada et aux États-Unis. Des plans similaires se développent pour la Grande-Bretagne et l'Australie.
L'ambitieuse mécanique repose pour l'instant sur des contributions volontaires de Guy Laliberté et des employés du Cirque du Soleil. Des formulaires de participation circulent dans les bureaux de l'entreprise, qui emploie plus de 3000 personnes sur trois continents. Le logo de la fondation y apparaît: il s'agit d'un chiffre «1» dont la base se termine par une goutte d'eau.
Chaque employé est invité à «contribuer à résoudre la crise mondiale de l'eau» et à «être un acteur de changement pour des populations démunies» en autorisant de prélever à la source soit 1 % des revenus tirés du Cirque du Soleil (salaire et prime de rendement combinés), soit 1 % du salaire brut, soit 1 % de la prime de rendement. Le formulaire résume les déductions fiscales possibles et se termine par un mot du président remerciant ses employés de «partager ce rêve» avec lui.
Un acrobate d'un spectacle du Cirque du Soleil peut gagner jusqu'à 100 000 $ par année. La fortune personnelle de M. Laliberté est évaluée à plus de 1,5 milliard. Il recevrait un million par semaine en salaire de l'entreprise, sans compter des dividendes d'au moins cent millions chaque année. À lui seul, le magnat de la piste fournira donc bien plus d'un million à One Drop, bon an, mal an.
Le président-fondateur a déjà versé plusieurs millions à la Fondation Guy Laliberté (FGL). Cette autre structure, fondée il y a deux ans, pilote la création de One Drop.
Guy Laliberté est également en campagne à travers le monde pour susciter des dons. Ses représentants accompagnent les spectacles ambulants pour stimuler la charité des partenaires d'affaires de l'entreprise montréalaise. Lui-même sollicite des contributions substantielles auprès de ses richissimes collaborateurs de Las Vegas, Tokyo, Londres, New York ou Macao.
Un document de synthèse donne des exemples de réalisations possibles avec les fonds sollicités. Dans le Tiers-Monde, un don de dix millions finance deux grands projets (de 4,5 millions chacun) étalés sur une période de trois ans et appuie une campagne de sensibilisation dans un pays riche. Un million suffit pour aménager 400 jardins familiaux et accroître la qualité de vie de 2000 personnes. Avec 10 000 $, les «onedropeurs» peuvent restaurer dix puits. Une centaine de dollars permet d'installer trois filtres; dix dollars permettent de transporter un intervenant vers un centre de formation. Un seul dollar permet de planter, dans un jardin scolaire, huit arbres «qui fourniront de l'ombre et, plus tard, du bois de chauffage», dit le document.
One Drop garantit une efficacité digne de celle d'une entreprise privée. Elle promet la réalisation des projets moins d'un an après l'obtention du seuil de financement souhaité.
Certains projets se développeront à long terme, parfois sur une période de 25 ans, afin de transformer les communautés de fond en comble. D'où l'idée de diviser tous les dons en deux, une partie finançant immédiatement un projet, l'autre servant à enrichir le fonds de dotation pour les investissements futurs. Ainsi, pour lancer une nouvelle grande opération triennale de 4,5 millions, il faut carrément le double à One Drop afin d'assurer la durabilité de l'entreprise.
La goutte s'ajoute à un puits d'expériences charitables. Depuis 1995, Guy Laliberté et le Cirque du Soleil ont remis 1 % de leurs revenus à Cirque du monde, un programme international d'aide aux jeunes dans le besoin. En plus, le cirque s'engage à offrir des services techniques et du personnel à One Drop pour l'équivalent de deux millions par année pendant cinq ans. Il va également annoncer le don d'un premier million au moment du déclenchement de la campagne internationale de financement. L'entreprise affirme finalement sa volonté ferme de prêcher par l'exemple en modifiant ses équipements afin de minimiser la consommation d'eau.
La région d'Esteli, au Nicaragua, sert de banc d'essai depuis environ un an. La Fondation Guy Laliberté y est associée à Oxfam Québec. One Drop prendra le relais en temps et lieu. Par contre, ni le Cirque du Soleil ni Oxfam Québec n'ont voulu parler au Devoir de cette expérience sur le terrain.
Ce petit pays est le deuxième plus pauvre de l'Amérique latine. Selon les informations obtenues au cours des dernières semaines, les interventions s'y développent autour de cinq axes.
D'abord, l'accès à l'eau pour les jardins comme pour les personnes. À terme, les familles recevront des filtres pour l'eau potable et verront ainsi diminuer grandement les problèmes de parasites qui leur empoisonnent la vie. Le recyclage de l'eau stagnante permettra d'atténuer d'autres sources de contagion. Les femmes sont particulièrement mobilisées dans ce programme puisqu'elles demeurent les principales utilisatrices de cette ressource vitale.
Les jardins constituent le deuxième axe. Ils sont construits près des maisons et des écoles. Ils produisent des surplus revendables sur les marchés locaux, ce qui améliore les revenus des jardiniers. Chacune des familles participantes reçoit un poêle à combustion lente pour réduire d'environ la moitié la consommation de bois et limiter la déforestation.
Troisième élément: les réservoirs. En retenant l'eau de pluie près des champ, les bassins de rétention permettent de multiplier les récoltes. Là encore, la proposition vise à mobiliser au maximum les population locales, par exemple en offrant des cours pour l'entretien des équipements.
Le quatrième axe porte sur l'art et l'éducation. Un spectacle multidisciplinaire itinérant permettra de diffuser de l'information et de conscientiser les villageois sur l'importance du développement durable ou du recyclage. «Les communautés seront considérées comme des laboratoires d'art et d'éducation», résume un document officiel.
Le dernier point fort des interventions mise sur le microcrédit. Ce type de financement permet de distribuer de petits prêts à des personnes qui ne peuvent pas avoir accès au système bancaire traditionnel.
Et ce n'est qu'un tout petit début. «One Drop va s'adresser au monde entier -le 22 mars 2007-, affirme enfin le dossier. En lançant la première vague de six mouvements à travers la planète (au Canada, aux États-Unis, en Angleterre, aux Pays-Bas, à Hong Kong et en Australie), One Drop et son partenaire Oxfam International vont parler directement aux citoyens du monde pour les informer et recevoir leurs dons.»
- Des expériences-pilotes se déroulent déjà au Nicaragua et le Québec servira de banc d'essai pour une première campagne d'envergure de sensibilisation éco-éthique.
Guy Laliberté rejoint ainsi le club sélect des milliardaires bienfaiteurs. Cette année, Bill Gates, l'homme le plus riche du monde, a remis plus de 30 milliards de dollars, soit le tiers de sa fortune personnelle, à sa mégafondation, enrichie d'autant de milliards fournis par son compagnon de super-fortune Warren Buffett. Le spin-off humanitaire du créateur de Microsoft et de l'«oracle d'Omaha» soutient une multitude de bonnes causes à l'échelle planétaire, que ce soit en éducation, en recherche ou en santé publique. (Voir l'article dans le cahier Perspectives.)
One Drop cible plus précisément ses interventions. Dans les pays pauvres, la fondation propose d'appuyer des projets pour fournir de l'eau potable à des communautés dans le besoin et créer des jardins, sources de nourriture et de revenus d'appoint. L'approche «durable, holistique et locale», selon les documents de l'organisme, fait aussi la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes. Trois zones géographiques se retrouvent dans la mire prioritaire: l'Amérique centrale, l'Afrique subsaharienne et la grande région de l'Asie et de l'Océanie.
Dans les pays riches, la fondation lancera des campagnes de sensibilisation au problème du gaspillage et de la pollution de l'eau. L'accent sera mis sur des programmes artistiques, pédagogiques et ludiques. Le premier programme, déjà en préparation, sera lancé au Québec en 2008 puis étendu au Canada et aux États-Unis. Des plans similaires se développent pour la Grande-Bretagne et l'Australie.
L'ambitieuse mécanique repose pour l'instant sur des contributions volontaires de Guy Laliberté et des employés du Cirque du Soleil. Des formulaires de participation circulent dans les bureaux de l'entreprise, qui emploie plus de 3000 personnes sur trois continents. Le logo de la fondation y apparaît: il s'agit d'un chiffre «1» dont la base se termine par une goutte d'eau.
Chaque employé est invité à «contribuer à résoudre la crise mondiale de l'eau» et à «être un acteur de changement pour des populations démunies» en autorisant de prélever à la source soit 1 % des revenus tirés du Cirque du Soleil (salaire et prime de rendement combinés), soit 1 % du salaire brut, soit 1 % de la prime de rendement. Le formulaire résume les déductions fiscales possibles et se termine par un mot du président remerciant ses employés de «partager ce rêve» avec lui.
Un acrobate d'un spectacle du Cirque du Soleil peut gagner jusqu'à 100 000 $ par année. La fortune personnelle de M. Laliberté est évaluée à plus de 1,5 milliard. Il recevrait un million par semaine en salaire de l'entreprise, sans compter des dividendes d'au moins cent millions chaque année. À lui seul, le magnat de la piste fournira donc bien plus d'un million à One Drop, bon an, mal an.
Le président-fondateur a déjà versé plusieurs millions à la Fondation Guy Laliberté (FGL). Cette autre structure, fondée il y a deux ans, pilote la création de One Drop.
Guy Laliberté est également en campagne à travers le monde pour susciter des dons. Ses représentants accompagnent les spectacles ambulants pour stimuler la charité des partenaires d'affaires de l'entreprise montréalaise. Lui-même sollicite des contributions substantielles auprès de ses richissimes collaborateurs de Las Vegas, Tokyo, Londres, New York ou Macao.
Un document de synthèse donne des exemples de réalisations possibles avec les fonds sollicités. Dans le Tiers-Monde, un don de dix millions finance deux grands projets (de 4,5 millions chacun) étalés sur une période de trois ans et appuie une campagne de sensibilisation dans un pays riche. Un million suffit pour aménager 400 jardins familiaux et accroître la qualité de vie de 2000 personnes. Avec 10 000 $, les «onedropeurs» peuvent restaurer dix puits. Une centaine de dollars permet d'installer trois filtres; dix dollars permettent de transporter un intervenant vers un centre de formation. Un seul dollar permet de planter, dans un jardin scolaire, huit arbres «qui fourniront de l'ombre et, plus tard, du bois de chauffage», dit le document.
One Drop garantit une efficacité digne de celle d'une entreprise privée. Elle promet la réalisation des projets moins d'un an après l'obtention du seuil de financement souhaité.
Certains projets se développeront à long terme, parfois sur une période de 25 ans, afin de transformer les communautés de fond en comble. D'où l'idée de diviser tous les dons en deux, une partie finançant immédiatement un projet, l'autre servant à enrichir le fonds de dotation pour les investissements futurs. Ainsi, pour lancer une nouvelle grande opération triennale de 4,5 millions, il faut carrément le double à One Drop afin d'assurer la durabilité de l'entreprise.
La goutte s'ajoute à un puits d'expériences charitables. Depuis 1995, Guy Laliberté et le Cirque du Soleil ont remis 1 % de leurs revenus à Cirque du monde, un programme international d'aide aux jeunes dans le besoin. En plus, le cirque s'engage à offrir des services techniques et du personnel à One Drop pour l'équivalent de deux millions par année pendant cinq ans. Il va également annoncer le don d'un premier million au moment du déclenchement de la campagne internationale de financement. L'entreprise affirme finalement sa volonté ferme de prêcher par l'exemple en modifiant ses équipements afin de minimiser la consommation d'eau.
La région d'Esteli, au Nicaragua, sert de banc d'essai depuis environ un an. La Fondation Guy Laliberté y est associée à Oxfam Québec. One Drop prendra le relais en temps et lieu. Par contre, ni le Cirque du Soleil ni Oxfam Québec n'ont voulu parler au Devoir de cette expérience sur le terrain.
Ce petit pays est le deuxième plus pauvre de l'Amérique latine. Selon les informations obtenues au cours des dernières semaines, les interventions s'y développent autour de cinq axes.
D'abord, l'accès à l'eau pour les jardins comme pour les personnes. À terme, les familles recevront des filtres pour l'eau potable et verront ainsi diminuer grandement les problèmes de parasites qui leur empoisonnent la vie. Le recyclage de l'eau stagnante permettra d'atténuer d'autres sources de contagion. Les femmes sont particulièrement mobilisées dans ce programme puisqu'elles demeurent les principales utilisatrices de cette ressource vitale.
Les jardins constituent le deuxième axe. Ils sont construits près des maisons et des écoles. Ils produisent des surplus revendables sur les marchés locaux, ce qui améliore les revenus des jardiniers. Chacune des familles participantes reçoit un poêle à combustion lente pour réduire d'environ la moitié la consommation de bois et limiter la déforestation.
Troisième élément: les réservoirs. En retenant l'eau de pluie près des champ, les bassins de rétention permettent de multiplier les récoltes. Là encore, la proposition vise à mobiliser au maximum les population locales, par exemple en offrant des cours pour l'entretien des équipements.
Le quatrième axe porte sur l'art et l'éducation. Un spectacle multidisciplinaire itinérant permettra de diffuser de l'information et de conscientiser les villageois sur l'importance du développement durable ou du recyclage. «Les communautés seront considérées comme des laboratoires d'art et d'éducation», résume un document officiel.
Le dernier point fort des interventions mise sur le microcrédit. Ce type de financement permet de distribuer de petits prêts à des personnes qui ne peuvent pas avoir accès au système bancaire traditionnel.
Et ce n'est qu'un tout petit début. «One Drop va s'adresser au monde entier -le 22 mars 2007-, affirme enfin le dossier. En lançant la première vague de six mouvements à travers la planète (au Canada, aux États-Unis, en Angleterre, aux Pays-Bas, à Hong Kong et en Australie), One Drop et son partenaire Oxfam International vont parler directement aux citoyens du monde pour les informer et recevoir leurs dons.»