Véognac, la ville qui prend l'eau

Cognac a choisi un autre slogan
C'est l'inscription qui a virevolté sur la façade de l'immeuble Champion, place François-Ier, samedi matin. Quelques heures seulement, avant que la mairie ne fasse enlever la banderole tendue par les membres du collectif de défense des services publics. Parallèlement, les panneaux d'entrées et de sorties de la ville étaient recouverts, eux aussi, d'un «Véognac». «Véognac», néologisme contractant Véolia et Cognac, afin de protester contre la concession de l'eau cognaçaise au groupe Véolia.
Le collectif de défense des services publics, emmené par Simon Clavurier et Françoise Mandeau, n'en démord pas. Confier le service de l'eau au privé, c'est une hérésie: «Il faut passer à une régie municipale». Pour eux, l'eau est un bien public, qui doit être géré publiquement, par des élus. Pour des raisons éthiques et économiques.
Depuis plusieurs mois, le collectif se bat pour que Véolia ne décroche pas le prochain contrat de concession de l'eau pour les communes de Cognac, Châteaubernard et Saint-Brice. Il a commandé une étude, confiée à Jean-Louis Linossier, représentant des usagers de l'eau pour le Grand-Lyon. Verdict: «Gérée par le privé, l'eau coûte deux millions d'euros de plus par an à la collectivité, que si elle est confiée à une régie municipale», assure Simon Clavurier sur la foi du rapport commandé. Actuellement, l'eau est facturée 2,26 euros par mètre cube, hors taxes. Pour le prochain contrat de concession, le Sieaac prévoit un tarif de 1,88 euro par mètre cube. «Une régie intercommunale abaisserait ce coût à 0,88 euro», jure Simon Clavurier, également conseiller municipal d'opposition à la mairie de Cognac.
«C'est du racket !»
Moins spectaculaire, un rapport de l'Institut national de recherches agronomiques (Inra), de son côté, calcule tout de même que la gestion directe de l'eau permet de baisser le coût du mètre cube de 5%. Multiplié par 120 mètres cubes, cela fait une jolie différence sur la facture d'un abonné. «Racket !», estime donc dans un tract distribué samedi matin le collectif de défense des services publics. Françoise Mandeau a d'ailleurs la dent dure: «C'est dans l'air du temps que les élus se dégagent de ce genre de responsabilités et délèguent au privé. Mais là, on récupère du fric dans les poches des Cognaçais pour le donner aux actionnaires de Véolia».
Prochain contrat sur douze ans

Et n'allez pas leur dire que Véolia n'est pas un diable allié aux élus et qu'il a l'avantage de créer des emplois. Ni que le service apporté par une entreprise spécialisée est plus qualitatif que celui d'une régie publique. Simon Clavurier: «Je ne vois pas ce qui empêche les salariés de Véolia s'occupant de l'eau d'être repris sous la coupe du syndicat intercommunal. Ce serait les mêmes personnes, les mêmes emplois, les mêmes missions». Pour lui, tout est question de volonté politique.
«Jean-Claude Marchais, le président du Sieaac, estime que ce n'est pas aux élus de s'en occuper, qu'on ne peut pas gérer l'eau. Je ne vois pas pourquoi nous ne serions pas capables de nous en occuper», assène Simon Clavurier.
Et de citer une interminable liste de communes ayant fait le choix de l'eau publique plutôt que privée. «Si Thouars en est capable, pourquoi les élus cognaçais ne le seraient pas», interroge-t-il.
Le 31 décembre prochain, le contrat liant le Sieaac à Véolia arrivera à échéance. Mais les discussions pour le prochain contrat, qui courra sur douze ans, ont déjà débuté. Mercredi, les élus du syndicat ouvriront les plis des entreprises ayant répondu à l'appel d'offres pour remporter le marché. Le collectif de défense des services publics espère bien enrayer la machine.
Ismaël KARROUM
«Jean-Claude Marchais, le président du Sieaac, estime que ce n'est pas aux élus de s'en occuper, qu'on ne peut pas gérer l'eau. Je ne vois pas pourquoi nous ne serions pas capables de nous en occuper», assène Simon Clavurier.
Et de citer une interminable liste de communes ayant fait le choix de l'eau publique plutôt que privée. «Si Thouars en est capable, pourquoi les élus cognaçais ne le seraient pas», interroge-t-il.
Le 31 décembre prochain, le contrat liant le Sieaac à Véolia arrivera à échéance. Mais les discussions pour le prochain contrat, qui courra sur douze ans, ont déjà débuté. Mercredi, les élus du syndicat ouvriront les plis des entreprises ayant répondu à l'appel d'offres pour remporter le marché. Le collectif de défense des services publics espère bien enrayer la machine.
Ismaël KARROUM