Veolia en eau
trouble
Manoeuvres Le mystérieux homme d'affaires Mohamed
Ajroudi tourne autour de Veolia. Mais qui est-il
?
Emmanuel Berretta
Qui contrôlera demain Veolia, l'un des deux champions
français de l'eau ? La question se pose car, à partir du
26 décembre, Vivendi Universal (VU) pourra céder son
bloc de contrôle, une participation de 20 % dans Veolia.
« Il n'y a aucune urgence, je ne suis pas pressé de
vendre et je n'ai pas besoin d'argent tout de suite »,
déclare au Point Jean-René Fourtou, le PDG de
VU. Affaire classée pour l'heure. Ce qui n'exclut pas
d'amusants avatars.
Depuis
plusieurs semaines, un homme d'affaires franco-tunisien,
actif dans le Golfe, Mohamed Ajroudi, fait le siège de
Vivendi pour racheter ses parts dans Veolia. Jean-René
Fourtou reconnaît avoir déjeuné avec lui : « Il m'a fait
part de son intérêt pour Veolia. Je n'ai pas à
décourager d'éventuels investisseurs. »
Quelques
impayés
Mais qui est Mohamed Ajroudi ? Selon nos
informations, cet ingénieur hydraulique de 52 ans a
participé au forage du métro de Lille et s'est bâti un
réseau de connaissances en Arabie saoudite grâce à son
savoir-faire en matière de captation d'eaux
souterraines. Il s'est lancé dans plusieurs projets
(immobilier à Cannes, hôtellerie et carrières au Maroc,
chemin de fer au Liban), se présentant parfois comme
mandataire officiel du prince Al-Waleed - lequel réfute
ce lieu. L'homme d'affaires aurait laissé derrière lui
quelques impayés.
Pour les dirigeants de Veolia, Ajroudi n'est pas un
inconnu : « Ce monsieur se présente effectivement
comme l'émissaire de princes saoudiens. Nous devions
monter avec lui une filiale pour le Moyen-Orient
dénommée Veolia Middle East. Quand nous avons compris
qu'il n'était qu'un affabulateur, nous avons rompu tout
lien. Avec ses boniments, il a tourné la tête à deux de
nos cadres contre lesquels nous avons entamé une
procédure de licenciement. »
Interrogé par Le Point, Mohamed Ajroudi répond
: « Je ne représente aucun prince saoudien. Nous
devions monter une filiale avec Veolia. J'y ai engagé
des frais que Veolia refuse de payer. Si tout s'est
arrêté, c'est parce que je n'ai pas voulu me plier à un
racket en provenance d'intermédiaires douteux. Ces deux
salariés en ont été les témoins. » Il y a donc au
moins désaccord sur la carte de visite de celui qui veut
entrer chez Veolia
© le point 02/12/04 - N°1681
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