D’après la revue Science qui publie trois études sur le sujet, la sonde Messenger aurait détecté de l’eau gelée sur la planète. Ce qui confirme ainsi des hypothèses très documentées déjà emises durant les dernières décennies. Cette découverte fait envisager la présence de matière organique, qui détermine en grande partie l’existence de la vie.
L’article du point du 06/12
C’est désormais confirmé. Il y a bien d’importantes quantités de glace d’eau sur Mercure, la planète du système solaire pourtant la plus proche de notre étoile. Cette certitude, acquise grâce aux données récoltées par la sonde Messenger en orbite autour de Mercure, a été révélée, en fin de semaine dernière, dans la revue Science qui publie pas moins de trois études consacrées à la question.
La présence d’eau gelée sur une planète si proche du Soleil peut paraître étonnante, même s’il ne s’agit pas d’une idée nouvelle. En effet, l’inclinaison très faible de la planète – moins de 1 degré contre un peu plus de 23 degrés pour la Terre – met au moins une partie de ses pôles à l’abri des rayons du Soleil. Et si la température moyenne sur Mercure est de 179 degrés Celsius, celle-ci cache des disparités importantes entre le jour (environ 247 degrés Celsius) et la nuit (autour de – 173 degrés Celsius). Les chercheurs pensent donc que la température dans les zones des pôles préservées du rayonnement solaire ne dépasse guère ce minimum.
L’hypothèse de la présence de glace sur Mercure remonte à plusieurs décennies et avait déjà été confortée en 1991, lorsque le radiotélescope d’Arecibo, basé à Porto Rico, avait détecté d’étranges plaques aux pôles de la planète. Des formations qui correspondaient exactement à l’emplacement de cratères d’impact cartographiés par la sonde américaine Mariner 10 entre 1974 et 1975. Ces deux dernières années, les images transmises par Messenger sont venues confirmer l’existence de ces plaques, et, grâce à son spectromètre à neutrons, la sonde a pu établir qu’il s’agissait bien de glace d’eau.
De l’eau et, peut-être, de la matière organique
« Si vous additionnez l’ensemble, vous avez une quantité de glace de l’ordre de 100 à 1 000 milliards de tonnes », a indiqué David Lawrence, du laboratoire de physique appliquée de l’université Johns Hopkins aux États-Unis. D’après les chercheurs, cette glace des cratères serait recouverte de 10 à 20 centimètres d’un matériau sombre, qui pourrait être (même si cela reste à vérifier) de la matière organique. Cette précieuse substance carbonée, potentiellement liée au développement de la vie, que les scientifiques traquent actuellement sur Mars.
Alors, de la vie sur Mercure ? Assurément non. Pour autant, cette découverte constitue une avancée importante. Car elle conforte la thèse selon laquelle l’eau et la matière organique (dont certains acides aminés considérés comme les briques élémentaires nécessaires à l’apparition de la vie) ont pu être importées sur Mercure, mais également ailleurs dans le système solaire, et notamment sur Terre, par la chute d’astéroïdes et de comètes. Il s’agit donc d’un élément supplémentaire dans la compréhension du « comment » de l’éclosion de la vie.