L'Atrazine, de la famille des triazines (simazine, propazine ...), a été commercialisée notamment par Agrochimie, Pepro, Rhone Poulenc Phytosanitaire et bien d'autres pendant des dizaines d'années (depuis les années 60), pour desherber vignes et vergers mais aussi dans des formulations grand public pour desherber les allées, les cimetières et bien sûr les voies ferrées mais aussi toutes les voies et abords non goudronnées à la charge des collectivités locales.
Dans cette histoire, la SNCF c'est pinuts.
Il me semble qu'au départ c'était un produit breveté par CIBA dont tout le monde s'est emparé quand il est tombé dans le domaine public.
A l'époque, malgré 10 ans d'essais et de recherche de toxité sur les résidus, on prétendait qu'aucune rémanence ne subsistait au bout de quelques semaines.
Comme responsable du labo de contrôle d'une usine de produits phyto, j'ai bien connu toute cette époque.
Beaucoup de salariés de ces usines ont peu profité de leur retraite. Et que dire des paysans ?
Et l'Atrazine n'était pas considérée comme spécialement dangereuse à manipuler à côté des esters phosphoriques par exemple.
Le malathion a été déversé en poudrage dans les rues des villes de camargue et aussi dans les flaques d'eau pour tuer les moustiques.
Heureusement, si l'on peut dire, dès les années 1970, certains ouvriers furent "mobilisés chez eux" et inaugurèrent les premiers plans socio ; certains avaient tout juste 53 ans me semble-t-il.
Comme pour l'amiante, la plupart des maladies provoquées par ces produits, hors bien sûr des intoxications immédiates, n'apparaisent que des dizaines d'années plus tard. Nous ne sommes donc, comme pour l'amiante, qu'à l'aube d'une catastrophe dont on ne mesure pas encore l'ampleur.
Dans les années 80, j'avais, avec des collègues, demandé si des études épidémiologiques étaient faites en suivant le devenir des salariés.
Il nous avait été répondu affirmativement mais nous n'avons jamais pu obtenir les résultats au titre que n'étant pas qualifiés pour les analyser, nous allions raconter des bétises et déclancher des histoires sans fondement.
Depuis, beaucoup de molécules ont été interdites et de nouvelles sont apparues.
L'usine où j'ai travaillé existe toujours.