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MEXICO 2006 : le forum alternatif

Mexico 2006 - Un tribunal pour la défense des droits de l'eau
L'instance internationale tente de résoudre les conflits hydriques en Amérique latine.

La salle d'audience était pleine pour entendre les verdicts du Tribunal latino-américain de l'eau, qui depuis le 13 mars examine en marge du Forum de l'eau, qui s'est achevé hier à Mexico, treize cas d'atteintes à l'environnement et aux populations de la région. Au premier rang, des indiennes mazahuas en costume traditionnel, mais aussi des représentants chiliens, péruviens, mexicains, des Indiens mixtèques, des Salvadoriens... En face d'eux, huit juges de ce tribunal pas comme les autres, sans pouvoir juridique, mais dont les jugements ont valeur morale.



Idéalistes.
Dossier source Libération-jeudi 23 mars 2006 Mexico de notre correspondante
Ce ne sont pas des juges d'opérette. Idéalistes peut-être, défenseurs de l'environnement et des droits de l'homme sûrement, mais au parcours professionnel solide. Alexandre Camanho de Assis, procureur de la République du Brésil, Alfredo Vallardes, argentin, spécialiste de planification urbaine, Philippe Teixier, magistrat de la Cour de cassation française, Augusto Willemsen Diaz, du Guatemala, juriste international, ou encore Selma Diaz, la seule femme, cubaine, sociologue. Le Tribunal latino-américain est une instance internationale, autonome et indépendante créée en 2000 pour contribuer à résoudre les conflits liés à l'eau en Amérique latine. Une sorte de «monsieur bons offices». C'est la deuxième fois qu'il siège.


Tour à tour, les juges présentent leurs conclusions à la barre. Et condamnent, de façon symbolique : l'entreprise mexicaine de pétrole, Pemex, qui pollue le río Atoyac ; le gouvernement du Guatemala, qui a autorisé, avec l'appui de la Banque mondiale, l'exploitation de mines d'or à ciel ouvert ; les autorités panaméennes, pour laisser transiter par le canal des déchets nucléaires radioactifs.

Le Tribunal demande l'arrêt immédiat de la construction d'une usine de cellulose au Chili ou celui d'un barrage en Equateur. Il reconnaît le droit à la Bolivie de se réapproprier la gestion de son eau et renvoie l'entreprise française Suez, qui en avait la concession, vers un tribunal international si elle veut obtenir des compensations financières pour la rupture de son contrat.


Coût social.
Enfin, il demande «la suspension immédiate» de la construction du barrage mexicain de La Parota (Libération du 18 mars), considérant que le projet «souffre d'un manque de justification solide» et que son coût social et environnemental est énorme. Le verdict a été salué par une salve d'applaudissements, et les paysans de la région de Cacahuetepec, où se situe le projet, sont repartis encouragés dans leur combat. Décidés à aller jusqu'au bout pour défendre leurs terres et leur fleuve Papagayo. «Hasta la muerte», disent-ils («jusqu'à la mort»).

JEAN-LUC TOULY
Rédigé par JEAN-LUC TOULY le Samedi 25 Mars 2006 à 21:16