Le prix de l’eau potable pour une consommation annuelle de 120 m3 représentait en 2009 une dépense moyenne de 127 euros TTC par ménage et par an.
Si l’association Eau Secours ne veillait pas, la SOBEP/Lyonnaise allait empocher 22 à 25 000 euros.» Jean-Marc Capdeboscq n’en est pas à sa première accusation à l’encontre du délégataire choisi par le Syndicat intercommunal de l’eau potable de Jurançon, qui distribue l’eau potable sur 22 communes du Grand Pau (1).
Un contrat renouvelé en 2006 pour 15 ans. Depuis, les deux parties sont régulièrement accusées par l’association d’usagers de manquer de transparence.
Pour étayer ses attaques, Jean- Marc Capdeboscq, président d’Eau Secours est même allé jusqu’à comparer les factures d’eau (voir tableau). Il a ainsi calculé le prix de revient du mètre cube pour une consommation annuelle de 30, 60 et 120 m3 par an. « Cela reflète mieux la réalité de la consommation des différents types d’usagers que la méthode de l’INSEE, qui se limite à 120 m3/an et qui masque l’effet levier des abonnements.»
Tarifs erronés
L’association assure ainsi que les tarifs annoncés par le Siep seraient erronés. Le syndicat annonçait par exemple un tarif du prix de l’eau de 3,32 € pour la Ville de Pau, alors qu’il serait en réalité de 2,73 euros.
« S’ils s’étaient donné la peine de donner les vrais tarifs, ils auraient constaté que là où le prix de l’eau est le plus élevé c’est justement à Idron, Gan ou Morlaàs, les communes où la distribution et l’assainissement de l’eau sont gérés par la multinationale… ».
Le président dénonce également « des irrégularités » dans les factures. « Le juste prix de l’eau ce n’est en tout cas pas celui surfacturé par la SOBEP au 2e semestre 2008 où elle a appliqué en toute irrégularité (…), avec rétroactivité, un avenant. (… ) Si l’association Eau Secours ne veillait pas, la SOBEP allait empocher 22 à 25 000 € », assure encore Jean-Marc Capdeboscq.
Pour la mise en place d’une régie autonome
L’association estime également que « 707 000 € ont été offerts sur le dos des usagers par le président du Siep, James Chambaud, à la SOBEP-Lyonnaise lors du renouvellement du contrat de délégataire en 2005 ». Elle dénonce encore « le refus obstiné d’en contrôler les comptes ». « La multinationale a, au SIEP de Jurançon, les mains libres et peut tout se permettre jusqu’en 2020. Comme par exemple de ne pas reverser les cautions ou avances sur consommations qu’elle a thésaurisée depuis 1935 et que la loi obligeait pourtant à rembourser avant la fin 2009 (300 000 € pour les usagers du SIEP de Jurançon) »
Le président de l’association se défend pourtant d’utiliser le seul prix de l’eau pour juger la gestion de l’eau. Pour plus de transparence, Eau Secours souhaiterait la mise en place d’une régie publique autonome pour « l’ensemble du bassin de vie de l’agglomération paloise, d’une tarification unifiée, équitable et progressive, avec un prix plancher pour un volume considéré comme « vital ».
(1) Les principales communes desservies par le Siep: Aressy, Assat, Billère, Bizanos, Bosdarros, Gan, Gelos, Idron, Jurançon, Lons, Mazères-Lezons, Meillon, Morlaàs, Serres-Morlaàas, Rontignon, Uzos, Narcastet.
Pour les habitants du secteur, les incompréhensions demeurent après réception de leurs premières factures labellisées Eau et Force, filiale de la Lyonnaise des Eaux-Suez Environnement
Délégué à Eau et Force à la mi-2009, le prix de l’eau a fait un bond. Les habitants savaient bien que leurs factures d’eau allaient augmenter – comme ailleurs en France.
La société délégatrice devra consentir d’importants investissements : au total, plus de 3,5 millions d’euros pour la recherche d’eau et l’assainissement, en particulier la construction d’une station d’épuration. Ils n’avaient donc aucune illusion à ce sujet, mais de là à imaginer pareille hausse…
Des habitants, notamment Olivier Badré, conseiller municipal, ont pris la tête de la fronde. Dans un tract distribué dans toute la commune, les contestataires assurent que l’eau a augmenté de 23 % le m3. « Dans le même temps, le prix de l’abonnement est passé de 6 euros à 105, soit une hausse de 530 % ! » explique l’intéressé.
Très remonté contre le maire Francis Raphenne, il accuse celui-ci de « mensonge » en assurant que « la commune avait le choix de continuer de gérer l’eau elle-même pour en maîtriser au maximum le coût. Cette décision a été votée – à l’exception de Claude Montebran et de moi-même – sans qu’on sache vraiment combien allait coûter l’eau après délégation à cette filiale de la Lyonnaise des Eaux ».
De son côté, le maire récuse ces accusations, en rappelant que « trois réunions publiques organisées en septembre n’ont réuni qu’une cinquantaine de participants ». Il reconnaît pourtant que « tout n’a pas été carré dans cette première facturation ». Il s’engage également à communiquer sur le sujet.
Au-delà du montant, ce sont les conditions qui mettent en colère les habitants – et plongent certains dans de vraies difficultés. Eau et Force reconnaît d’ailleurs que les estimations de consommation ont été parfois erronées. Deuxième choc pour les habitants, ils ont reçu le 15 avril une facture à régler au plus tard le 30 ! Une situation insurmontable pour certains, comme ces habitants des HLM de Linchamps.
Aujourd’hui, réunion à l’hôtel de ville
Eau et Force réclame ainsi à Mme L. et à son mari 435 euros pour 72 m3. « Mon mari est en chômage partiel et nous payons déjà 330 euros de loyer, sans avoir le droit à l’APL », explique-t-elle. Même analyse pour Aurore, jeune divorcée qui vit seule avec ses deux enfants et qui doit payer 215 euros.
Michel Petitpierre, un retraité dont les revenus s’élèvent à 780 euros, a reçu de son côté une facture de 366 euros. « Je paye déjà 222 euros nets de loyer. Je ne refuse pas de payer, mais de cette manière-là, c’est impossible », se plaint-il.
Bien décidés à se faire entendre, les opposants vont organiser une réunion publique aujourd’hui, 18 h 30 à l’hôtel de ville.
L’Union ardennais