Le forum mondial de l'eau, qui s'est déroulé à Mexico du 16 au 22 mars, s'est soldé par une déclaration de bonnes intentions. Alors que les partisans d'un service public de l'eau continuent à affronter les défenseurs du marché privé, la Banque mondiale encourage fortement les Etats à se tourner vers la construction de grands barrages.
Une option qui pose problème, tant au plan écologique que sociétal.
Les forums mondiaux sur la question de l'eau se succèdent, sans réellement parvenir à des décisions concrètes sur ce sujet complexe qui mêle des aspects sociaux, politico-économiques et environnementaux. Rappelons que l'absence d'eau potable et d'assainissement cause 8 millions de morts par an, situation qui avait conduit la communauté internationale à s'engager pour qu'en 2015, le nombre de personnes qui n'ont pas accès à l'eau soit réduit de moitié. Or, selon le rapport publié par l'ONU à la veille du forum mondial de Mexico, seulement 12 % des pays ont accompli ce travail jusqu'à présent. Les Nations-Unies renvoient dos à dos les différents acteurs de cette question, agences d'aide au développement, gouvernements, entreprises du secteur privé… Le rapport constate en effet que «les crédits alloués à l'eau ne progressent pas. L'aide publique au développement consacrée au secteur de l'eau au cours de ces dernières années s'élève en moyenne à 3 milliards de dollars par an, à laquelle on peut ajouter 1,5 milliards de dollars accordés (…) principalement par la Banque mondiale. Cependant, seul un faible pourcentage (12 %) de ces fonds parvient effectivement à ceux qui en ont le plus besoin», indique le rapport.
Alors que les courants altermondialistes continuent à défendre un «droit international contraignant à l'eau», considérant que «l'eau n'est pas à vendre», les multinationales du secteur et la Banque Mondiale prônent la mise en œuvre des partenariats public-privé, associant entreprises, Etats et collectivités locales.
La formule a cependant connu des déboires en Asie et en Amérique latine, et l'exemple récent de la Bolivie, qui a rompu son contrat avec Suez, plaide difficilement en faveur des «PPP». La population accuse notamment le groupe français d'avoir pratiqué des tarifs trop élevés et de n'avoir raccordé qu'une partie des quartiers urbains au réseau. Plusieurs pays d'Amérique latine (Bolivie,Venezuela et Uruguay) n'ont d'ailleurs pas partagé la déclaration finale du forum de Mexico, estimant que «l'accès à l'eau en qualité, quantité et équité constitue un droit humain fondamental».
L'eau demeure, de fait, une question politique. Elle n'est certes pas une marchandise comme une autre, mais elle a, quoi qu'il en soit, un coût. Or, les promesses faites par les pays riches aux pays du Sud –notamment augmenter l'aide au développement- sont loin d'être tenues… Le Conseil mondial de l'eau estime qu'il faudrait au minimum doubler les investissements actuels pour atteindre en 2015 l'objectif fixé par la communauté internationale.