EADS : la rumeur Veolia
20/06/2007
Tout pourrait aller vite dans la recomposition du capital du groupe aéronautique. BNP-Paribas, dans une étude, a même présenté le départ de Lagardère comme imminent.
Par qui Nicolas Sarkozy souhaite-t-il remplacer le groupe Lagardère au capital d’EADS ? Le chef de l’Etat, pour sa première visite sur le terrain après son élection, avait dit aux syndicalistes d’Airbus que le groupe européen "avait besoin avant tout d’un actionnaire français privé, solide et actif".
Actionnaire à hauteur de 7,5% d’EADS, Arnaud Lagardère, avait reçu, à juste titre, cette phrase comme un désaveu public venant d’un homme qu’il présentait jusque là comme son "frère". Lagardère nous avait répondu (le Nouvel Obs du 7 au 13 juin) qu’il ne se retirerait "qu’après avoir contribué au redressement" et qu’il n’était pas question qu’il le fasse "sous les sifflets, badigeonné de goudron et de plumes".
Départ imminent ?
Mais quoi qu’il dise, tout pourrait aller vite. BNP-Paribas, dans une étude, a même présenté le départ de Lagardère d’EADS comme imminent, ce qui a aussitôt provoqué une hausse de 3% de l’action. Dans l’entourage de Lagardère, on suspecte la banque d’avoir ainsi voulu "faire un coup financier".
Depuis la mise en garde de Sarkozy, l’héritier cherche à savoir qui sera l’actionnaire "solide et actif" susceptible de le remplacer. Son analyse est simple : la logique voudrait que ce soit Dassault, mais Serge Dassault, on le sait, est allergique aux participations minoritaires, en particulier aux côtés de l’Etat, a fortiori dans un système aussi complexe qu’EADS. Martin Bouygues ? Il a bien d’autres priorités, dans la recomposition du paysage énergétique français, autour d’Alstom et d’Areva. Arnaud Lagardère imagine un consortium de banques, avec le soutien de la Caisse des dépôts, à l’image de ce qui est mis en œuvre côté allemand, pour remplacer DaimlerChrysler, qui se retire symétriquement. Mais, selon nos informations, Sarkozy veut un actionnaire non financier. Alors ?
La rumeur Veolia
Une rumeur parisienne court selon laquelle le choix du chef de l’Etat se porterait sur Veolia, même si ce groupe spécialisé dans l’eau et l’environnement n’a aucun rapport avec l’aéronautique et la défense, si ce n’est la pratique commune des grands contrats à l’étranger, souvent dans des pays difficiles d’accès. Plusieurs éléments sont avancés. Henri Proglio, président de Veolia, ne fait pas officiellement partie des proches de Sarkozy, alors que l’on sait que celui-ci va être très attentif à ne pas être accusé de favoriser ses amis dans le meccano industriel qui va se mettre en place. Les initiés savent pourtant que Proglio a un lien indirect avec Nicolas Sarkozy, puisque ce veuf est proche de Rachida Dati. La publication des photos parues dans Paris-Match sur la soirée donnée au Fouquet’s par Nicolas et Cécilia Sarkozy, sur lesquelles on aperçoit Proglio en compagnie de la porte-parole du candidat, bientôt nommée Garde des Sceaux, a d’ailleurs fait débat.
Un personnage controversé
Ensuite parce qu’Arnaud Lagardère lui-même, avant de nuancer un peu plus tard ses propos, a cité, devant nous, Henri Proglio parmi les membres d’un des deux réseaux qui lui sont hostiles, aux côtés de Maurice Gourdeau-Montagne, ancien directeur de cabinet d’Alain Juppé à Matignon – il souhaitait remplacer Jean-Paul Gut, jusqu’à lundi dernier en charge des grands contrats exportations d’Airbus – et d’Alexandre Djourhi, actionnaire important de Veolia, pour le compte de qui il a négocié de grands contrats à l’étranger. Personnage controversé, Alexandre Djourhi est aussi connu pour être un intermédiaire dans le milieu des grands contrats d’armement, en particulier au Moyen-Orient. A plusieurs reprises, Jacques Chirac l’a emmené dans sa suite lors de ses voyages, en Chine et ailleurs.
Henri Proglio vient, en tout cas, de reconnaître qu’il s’était constitué un trésor de guerre de 2,6 milliards d’euros grâce auquel, a-t-il dit, "nous pourrons faire une acquisition de 8 milliards de dollars sans aucun problème".
Lundi en fin d'après-midi, Philippe Méchet, directeur de la communication de Veolia, a démenti notre information.