FFRANCE Pollution à l’acide acrylique dans le Jura
09/05/2006
La préfecture du Jura a dû faire face à la pollution d’une aire d’autoroute par une substance chimique dangereuse. Retour sur le déroulement des événements.
Le 18 avril, un camion-citerne a renversé 25.000 litres d’acide acrylique sur l’aire de repos, appelée la Vouivre, de l’autoroute A39, dans le sens Dijon - Bourg-en-Bresse. Le conducteur, ivre selon la préfecture, s’est mal engagé sur la voie d’accélération de l’autoroute et s’est renversé. La quasi-totalité de sa citerne s’est déversée sur le site de l’accident. «Les pompiers ont aussitôt défini un périmètre de sécurité, sans qu’il y ait eu besoin de fermer l’autoroute, explique Christian Cuchet, directeur de cabinet du préfet du Jura. Mais il était trop tard pour colmater ou pomper le produit.» L’acide acrylique est une substance inflammable, corrosive et très toxique pour les organismes marins. «Par mesure de précaution, nous avons demandé au maire de Rahon de ne plus alimenter le réseau d’eau de sa commune, le captage étant situé à 3 kilomètres en aval du lieu de l’accident», poursuit le directeur de cabinet. Un raccordement a été réalisé au réseau d’une ville voisine, Saint-Barraing, afin d’assurer l’accès à l’eau potable des habitants de Rahon.
Des tests vont être réalisés pour vérifier que le captage n’est pas pollué, mais ils sont rendus difficiles par le fait que peu de laboratoires sont capables de mesurer le taux d’acide acrylique dans l’eau. «Compte tenu des incertitudes liées à la vitesse d’écoulement du produit et à sa capacité de dilution, cette surveillance pourrait être maintenue pour une durée indéterminée», précise la préfecture dans un communiqué.
Quant au terrain souillé, «40 tonnes ont été décaissées, et transportées dans des bennes étanches. Après analyse, elles seront retraitées ou décontaminées, indique Jean-Paul Comte, chef de district de Choisey des Auroroutes Paris-Rhin-Rhône. L’usine voisine de Solvay a amené de la chaux pour la verser à l’endroit où la terre a été enlevée. Nous avons obtenu l’autorisation de remblayer la zone.» Autre mesure prise par la société d’autoroute: fermer le bassin anti-pollution (ouvert lorsqu’il n’y a pas de pollution) pour récupérer et traiter l’acide acrylique et la neige carbonique utilisée par les pompiers.
Prochaine étape: le transporteur et son assureur devraient bientôt engager des discussions concernant les préjudices de l’accident envers la société autoroutière, la commune de Rahon, et l’Etat qui ont engagé des frais pour la dépollution et les analyses. Des poursuites devraient également être engagées contre le chauffeur.